Depuis l’entrée en vigueur de la loi Taquet en 2022, la rémunération des assistants familiaux a été réévaluée pour mieux correspondre à la réalité de leur travail. Cependant, des inégalités demeurent, notamment en fonction du nombre d’employeurs. Certains assistants familiaux, pour obtenir une rémunération décente, sont amenés à cumuler plusieurs employeurs, tandis que d’autres, avec plus d’enfants en accueil mais un seul employeur, perçoivent beaucoup moins. Est-il alors nécessaire de multiplier les employeurs pour améliorer son revenu dans cette profession pourtant essentielle à la protection de l’enfance ?
Une revalorisation du premier accueil, mais des accueils supplémentaires négligés
Avant la loi Taquet, les assistants familiaux recevaient une rémunération de base correspondant à 120 heures de SMIC pour un premier accueil, un montant à peine supérieur à 1 000 € mensuels. Ce revenu, en dessous du seuil de pauvreté, rendait la profession peu attractive pour les nouveaux arrivants.
La loi Taquet a permis de revaloriser cette première rémunération à 151,67 heures de SMIC (1 426,30 € par mois), une avancée notable pour garantir un minimum de dignité à ce métier. Cependant, cette revalorisation n’a pas été étendue aux enfants supplémentaires accueillis, qui sont toujours rémunérés à 70 heures de SMIC, soit environ 650 € par mois. Comment justifier un tel écart, alors que les responsabilités et les contraintes augmentent avec chaque enfant ?
Malgré cette revalorisation, un assistant familial vivant seul et accueillant un enfant de plus de 14 ans se retrouve encore en dessous du seuil de pauvreté, soulignant l’insuffisance de la réforme pour offrir une vraie reconnaissance économique à ces professionnels.
Des investissements non reconnus
Accueillir plusieurs enfants ne se résume pas simplement à augmenter le nombre de lit dans la maison. Pour les assistants familiaux , dont certains qui ont eux-mêmes des enfants, accueillir deux ou trois enfants supplémentaires implique souvent des investissements significatifs. Ils doivent, par exemple, acheter un véhicule plus spacieux, agrandir ou changer de logement, et couvrir des frais quotidiens qui augmentent avec chaque enfant.
Or, avec une rémunération de seulement 650 € par enfant supplémentaire (soit moins de 22 € par jour pour un travail 24 heures sur 24), les assistants familiaux doivent souvent puiser dans leur propre salaire pour subvenir aux besoins des enfants. Les indemnités d’entretien, qui devraient couvrir les dépenses courantes (alimentation, sorties, vacances), sont rarement suffisantes. Résultat, une grande partie de leur revenu est absorbée par ces coûts, ne leur laissant que très peu à la fin du mois. Pour beaucoup, le travail pour un deuxième ou troisième enfant devient presque bénévole.
Cumuler les employeurs : une solution inégale mais restrictive
Face à cette situation, certains assistants familiaux cherchent à cumuler plusieurs employeurs pour améliorer leur revenu. Lorsqu’un assistant familial est employé par deux départements, ou par un département et une association, il perçoit deux fois la base salariale de 151,67 heures de SMIC (soit 2852,60€), même s’il n’accueille qu’un seul enfant par employeur. Cela signifie qu’un assistant familial employé par deux départements percevra une rémunération bien supérieure à celle d’un collègue qui accueille deux enfants sous un seul employeur (2 083,70 €), et même supérieure à celle de collègues qui accueillent trois enfants (2741,70€) pour un seul employeur.
Cependant, certains employeurs refusent que leurs assistants familiaux travaillent pour un autre employeur. Ont-ils le droit de poser cette condition ? Existe-t-il une clause spécifique interdisant le cumul d’emplois ? Ce point fera l’objet d’un prochain article où nous examinerons en détail les aspects juridiques et contractuels liés au cumul d’employeurs.
Une solution économique et humaine : valoriser chaque accueil
Le placement familial est non seulement préconisé par l’ONU comme le meilleur moyen de protection de l’enfance, mais il est aussi nettement moins onéreux que le placement en foyer. Un placement en foyer coûte environ 50 % plus cher qu’un placement en famille d’accueil. Dépenser davantage pour rémunérer les assistants familiaux permettrait donc aux collectivités de réaliser des économies en réduisant le recours aux foyers, tout en offrant aux enfants un cadre familial plus adapté à leur bien-être. Il est donc crucial de renforcer l’attractivité de ce mode d’accueil en assurant aux assistants familiaux une rémunération équitable.
La FA-FPT demande que chaque accueil soit rémunéré à hauteur d’un SMIC complet, reflétant ainsi l’engagement et les responsabilités des assistants familiaux. Les familles d’accueil sont essentielles à la protection des enfants, et leur travail doit être valorisé financièrement pour attirer et fidéliser des professionnels qualifiés.
Conclusion : vers une rémunération plus juste pour les assistants familiaux
Bien que la revalorisation du premier accueil avec la loi Taquet ait été une avancée, elle reste insuffisante pour les assistants familiaux qui accueillent plusieurs enfants. La disparité de rémunération entre ceux qui cumulent plusieurs employeurs et ceux qui ne le peuvent pas pose une véritable question d’équité. Il est temps de repenser la rémunération des assistants familiaux en valorisant chaque accueil à sa juste valeur, pour garantir un revenu digne à ceux qui se consacrent à cette mission essentielle.
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