Fonctionnaires : le dialogue social peut-il sauver la prime GIPA ?

L’annonce de la possible suppression de la Garantie Individuelle du Pouvoir d’Achat (GIPA) a suscité une vive inquiétude parmi les fonctionnaires. Si le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Guillaume Kasbarian, a confirmé son intention de supprimer ce dispositif, il a également insisté sur l’importance du dialogue social avant toute prise de décision. La première réunion avec les organisations syndicales est prévue le 12 novembre.

Lors de son audition par la commission des lois le 24 octobre, le ministre a déclaré :

« La GIPA, Garantie Individuelle du Pouvoir d’Achat, comme vous le savez, est un dispositif qui a été créé en 2008. À l’époque, il avait été créé pour une durée de 2 ans. (…) Son coût a été en 2023 de 146 millions d’euros et le dispositif n’a pas été forcément satisfaisant dans son mode de calcul puisque, contrairement à ce que j’ai pu entendre, elle profite surtout aux agents de catégorie A. 56 % des bénéficiaires sont de catégorie A. À l’inverse, elle bénéficie peu aux catégories C. Étant donné que l’inflation est en décroissance, (…) hier, j’ai effectivement proposé, et je l’assume, dans l’agenda social, la question de la suppression de la GIPA. Nous en discuterons avec les organisations syndicales. »

Si ces déclarations peuvent laisser entrevoir une lueur d’espoir, il est important de rappeler que le nombre de fonctionnaires susceptibles de bénéficier de la GIPA en 2024 risque d’être bien supérieur aux 200 000 de l’année dernière.

La FA-FPT dénonce une attaque contre le pouvoir d’achat des agents

La FA-FPT (Fédération autonome de la fonction publique territoriale) a d’ores et déjà dénoncé cette proposition, la qualifiant d’attaque contre le pouvoir d’achat des agents. Elle insiste sur le fait que la GIPA est un outil essentiel pour compenser la perte de pouvoir d’achat liée à l’inflation, notamment pour les agents bloqués en fin de grille indiciaire.

Catégorie A, B et C : tous concernés par la perte de pouvoir d’achat

Il est vrai que la GIPA bénéficie davantage aux agents de catégorie A. Ceci s’explique notamment par le fait que beaucoup d’agents de catégorie C, souvent très proches du SMIC, ont bénéficié des revalorisations salariales liées à l’augmentation du SMIC, indexé sur l’inflation. Pour autant, de plus en plus d’agents de catégorie C sont éligibles à la GIPA.

Il est important de souligner que tous les fonctionnaires, quelle que soit leur catégorie, subissent les effets de l’inflation. Un agent de catégorie A n’est pas nécessairement « riche ». À titre d’exemple, un assistant socio-éducatif, agent de catégorie A, commence sa carrière avec un salaire indiciaire net de 1 543,34 € et perçoit 1 785,59 € net après 10 ans de carrière, un niveau de rémunération bien inférieur au salaire médian du privé (2 091 € net par mois).

146 millions d’euros : le coût de la GIPA, mais aussi le montant de la perte de pouvoir d’achat

Le ministre met en avant le coût de la GIPA en 2023, qui s’élève à 146 millions d’euros. Il est crucial de rappeler que ce montant représente également la perte de pouvoir d’achat cumulée des fonctionnaires. Si 200 000 agents ont bénéficié de la GIPA en 2023, cela signifie une perte moyenne de 730 € de pouvoir d’achat par agent !

Le tassement des grilles : un facteur aggravant

Avec le tassement des grilles indiciaires, de plus en plus de fonctionnaires, notamment de catégories B et C, se retrouvent bloqués au dernier échelon de leur grille pendant de nombreuses années, sans possibilité de progression salariale. La GIPA constitue alors un outil essentiel pour compenser la perte de pouvoir d’achat liée à l’inflation.

Quelles alternatives à la suppression de la GIPA ?

Face à cette situation préoccupante, la FA-FPT propose plusieurs solutions pour préserver le pouvoir d’achat des fonctionnaires :

  • Maintenir la GIPA : c’est la solution la plus simple et la plus efficace à court terme.
  • Revaloriser le point d’indice : une augmentation significative du point d’indice permettrait de compenser l’inflation pour tous les fonctionnaires.
  • Créer un Complément de Traitement Indiciaire (CTI) : ce dispositif permettrait d’assurer une progression de salaire aux agents en fin de grille.
  • Indexer le point d’indice sur l’inflation : les salaires seraient ainsi automatiquement revalorisés chaque année en fonction de l’inflation.

Le dialogue social qui s’ouvre le 12 novembre prochain sera déterminant pour l’avenir de la GIPA et du pouvoir d’achat des fonctionnaires. La FA-FPT sera présente à cette réunion et défendra avec force les intérêts des agents. Il est essentiel de parvenir à un accord qui garantisse une juste compensation de la perte de pouvoir d’achat subie par les agents publics avec le gouvernement.

Pour rester informé des dernières actualités sur la GIPA et la réforme de la fonction publique, inscrivez-vous à notre newsletter !

Facebook
X
WhatsApp
Email
Retour en haut