Sécurité Civile « A bout de souffle »

Les Rapports et Etudes se succèdent … et valident ce que nous revendiquons depuis longtemps !
Le dernier rapport conjoint IGA-IGSC, dit Rapport SAUZEY, suscite de très nombreuses réactions. Voilà la notre.

« A bout de souffle » … Les cinéphiles pensent automatiquement à Belmondo, Seberg, Godard : la nouvelle vague qui faisait rayonner le cinéma français.
Nos hauts fonctionnaires ne prennent certainement plus le temps de s’immerger dans la culture tant ils sont formatés par une vision du monde qui valorise à l’excès les tableaux Excel.

« A bout de souffle », c’est ainsi que notre élite administrative qualifie notre Sécurité Civile : La Cour des Comptes, les Cours des Comptes Régionales, l’Inspection Générale de l’Administration, l’inspection Générale de la Sécurité Civile. Excusez du peu ! Au plus haut niveau de notre administration, les constats d’échec ne se cachent plus mais les solutions restent « cosmétiques » en ne se souciant que de l’apparence.

Nous ne pouvons plus accepter cette passivité : alors que le constat de gravité est fait aucune vision stratégique
fondée sur les remontées de terrain n’est envisagée. Cette passivité confine au déni et à l’irresponsabilité, inadmissible pour des décisionnaires. L’analyse de fond, globale, rationnelle et rigoureuse ne semble mobiliser que les organisations syndicales. Non, notre Sécurité Civile n’est pas « à bout de souffle », son pronostic vital est engagé.

Mal nommer un problème, c’est rendre difficile voire impossible la possibilité de le régler : sollicitation opérationnelle croissante, contrainte budgétaire forte, assimilation des sapeurs-pompiers volontaires (SPV) en garde à des travailleurs…

Nous posons la question simplement : qui rend malade notre sécurité Civile et qui est responsable de cet effondrement ? A ceux qui crient à l’effondrement du modèle de Sécurité Civile, nous leur disons : vous mentez ! Votre seule préoccupation est la survie de votre modèle économique qui d’années en années fait la preuve de son échec !

Comment un système qui ne paie pas à son juste prix 67% de ses heures d’interventions peut-il être à bout de souffle ?

Nos axes ont toujours été constants et clairs :

  • Le temps de travail des SPV doit être strictement encadré et limité à 600h / an : le Rapport Sauzey valide ce que nous avons toujours porté.
  • Les SPV n’ont pas à se substituer au SPP :
    la complémentarité n’est pas la substitution.


Non, notre système ne « tient » pas que grâce aux 197 800 SPV. Avec la crise du recrutement et les vagues de démissions, la sociologie des SPV est à l’image de la société :
individualisme, équilibre vie privée – vie professionnelle. A quand un débat respectueux sur « Comment valoriser les sapeurs-pompiers professionnels » ? Nous demandons que soit évaluée à sa juste valeur notre
contribution au service public de secours et d’assistance : mesurons ce que nous, professionnels, avec seulement 45 000 pompiers, réalisons chaque jour au bénéfice de nos concitoyens.

Le Rapport Sauzey nous fournit une indication qui mérite d’être pleinement intégrée :
« Sans gardes postées de SPV, il faudrait recruter plus de 22 000 SPP », soit la moitié de nos effectifs actuels. Cela confirme que le non recrutement de sapeurs-pompiers professionnels est au coeur du malaise grave de
notre sécurité Civile. Nos instances préfèrent valoriser le travail gratuit et donner l’illusion à tous ces volontaires, qu’ils sont de parfaits citoyens, alors que seule la vision comptable prime : 1 Milliard, au bas mot, non affecté à l’embauche de professionnels !

De surcroit, si nos gardes SPP étaient comptabilisées une heure pour une heure, ce serait la fin des durées d’équivalence et de la garde de 24 heures : Il faudrait recruter près de 4000. Là encore, quand parlerons-nous sérieusement d’effectif des professionnels.

C’est le monde à l’envers ! Ce sont nous, les syndicalistes qui devront rappeler à l’Etat et aux départements l’impératif de respecter la LOI : La Directive Européenne temps de travail de 2003 et la jurisprudence qualifiant de travailleurs les SPV est désormais d’application directe. Les employeurs ont failli : ils n’ont rien anticipé ! C’est ce que recommande avec force le Comité Européen des Droits Sociaux.

Nous sommes conscients de notre responsabilité en qualité de première organisation syndicale française représentative des sapeurs-pompiers professionnels et des personnels administratifs et techniques des SDIS de France.

Seul le dialogue social constitue une option sérieuse pour bâtir voire rebâtir l’architecture de notre modèle de Sécurité Civile : le syndicalisme en est une expression essentielle.

Xavier BOY
Président FA SPP-PATS

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