En 2022, les agents de la fonction publique territoriale (FPT) ont vu leurs salaires nets diminuer sous l’effet d’une inflation galopante. Malgré les revalorisations salariales, notamment l’augmentation du point d’indice de la fonction publique, ces efforts n’ont pas suffi à compenser la hausse des prix. Cette baisse des salaires, en euros constants, met en lumière les défis auxquels sont confrontés les agents territoriaux dans un contexte économique difficile.
Une baisse globale de 1,1 % en euros constants dans la FPT
Selon les chiffres de 2022, le salaire net moyen des fonctionnaires de la FPT a baissé de 1,1 % en euros constants, malgré une augmentation nominale de 4,1 % en euros courants. Cette diminution s’explique par une inflation de 5,2 %, qui a largement surpassé les ajustements salariaux réalisés au cours de l’année.
Les agents fonctionnaires, qui représentent 77 % des effectifs de la FPT, ont été touchés par cette baisse. En revanche, les agents non-fonctionnaires ont vu leur salaire net augmenter de 0,9 % en moyenne.
Les agents de catégorie B sont les plus touchés
Les agents de la catégorie B de la fonction publique territoriale ont subi la plus forte baisse salariale, avec une diminution de 5,4 % en euros constants. Ce recul est principalement lié au reclassement de certains métiers, comme les auxiliaires de puériculture et les aides-soignants, dans cette catégorie. Ces agents, tout juste reclassés, perçoivent en moyenne des salaires inférieurs aux autres agents de catégorie B, ce qui contribue à tirer vers le bas la moyenne salariale de cette catégorie.
À titre de comparaison, les agents de la catégorie A ont vu leurs salaires nets baisser de 2,8 %, tandis que ceux de la catégorie C, protégés par les revalorisations du SMIC, ont subi une baisse de 1 %.
Une protection relative des agents de catégorie C
Les agents de catégorie C ont été les moins touchés grâce aux hausses successives du SMIC. Une loi impose une augmentation du SMIC dés que l’inflation dépasse les 2% et le traitement indiciaire minimal dans la fonction publique ne peut être inférieur au SMIC. Le gouvernement a été contraint d’augmenter les salaires des agents dans leurs premières années de carrière, notamment avec à une révision des débuts de grilles indiciaires.
Comparaison avec la fonction publique d’État (FPE)
En comparaison, la baisse des salaires dans la fonction publique d’État a été encore plus marquée, avec une diminution de 2,2 % en euros constants. Cependant, cette différence s’explique en partie par la proportion plus élevée d’agents de catégorie C dans la FPT (55,7 %) par rapport à la FPE, où ces agents sont moins représentés. Les agents de catégorie C étant relativement mieux protégés des baisses de salaire grâce aux mécanismes de revalorisation du Smic, la baisse globale a été moins prononcée dans la FPT.
Le salaire moyen dans la FPT reste cependant bien inférieur à celui de la FPE. En 2022, les agents territoriaux percevaient en moyenne 2 216 euros nets par mois, contre 2 955 euros pour les agents de la FPE. Cet écart persiste même au sein des catégories les moins rémunérées : les agents de catégorie C dans la FPT gagnent 1 965 euros, alors que leurs homologues de la FPE perçoivent 2 161 euros.
Des mesures insuffisantes pour freiner la baisse
Les augmentations du point d’indice et autres mesures de revalorisation se sont révélées largement insuffisantes pour protéger les agents territoriaux des effets de l’inflation. Bien que le point d’indice ait été revalorisé de 3,5 % au 1er juillet 2022, cette augmentation a été surpassée par la hausse des prix, et les agents de la FPT ont vu leur pouvoir d’achat diminuer.
Un frein à l’attractivité de la FPT
Le niveau de rémunération relativement bas des agents territoriaux, comparé à leurs homologues de la FPE, constitue un véritable obstacle à l’attractivité de la fonction publique territoriale. Dans un contexte où les collectivités locales peinent à recruter, la faiblesse des salaires joue un rôle important. Si des mesures de revalorisation ne sont pas prises pour réduire cet écart, il est à craindre que la FPT continue à souffrir d’une pénurie d’agents qualifiés, avec des conséquences directes sur la qualité des services publics locaux.
Conclusion : une année difficile pour les agents territoriaux, en attente de la GIPA
L’année 2022 a été marquée par une baisse de pouvoir d’achat pour la majorité des agents de la fonction publique territoriale, dans un contexte de forte inflation. Malgré les revalorisations salariales, ces mesures n’ont pas suffi à compenser la hausse des prix, laissant de nombreux agents en difficulté.
Pour aggraver cette situation, le décret tant attendu sur la Garantie Individuelle du Pouvoir d’Achat (GIPA) n’a toujours pas été publié. Ce dispositif, essentiel pour compenser les pertes de pouvoir d’achat des agents dont la rémunération évolue moins vite que l’inflation, est particulièrement crucial dans le contexte actuel. L’absence de ce décret laisse les agents dans l’incertitude quant à une éventuelle compensation de leurs pertes financières.
Face à cette situation, la FA-FPT revendique l’indexation du point d’indice sur l’inflation, une mesure qui garantirait aux agents une réelle protection contre la dégradation de leur pouvoir d’achat. Ce mécanisme permettrait d’ajuster automatiquement les salaires en fonction de l’augmentation des prix, évitant ainsi des pertes de revenus similaires à celles observées en 2022.