Réforme de la haute fonction publique territoriale : la FA-FPT dénonce un simulacre de dialogue social

Vue aérienne d’une réunion de travail autour d’une grande table en bois, avec des cadres en costume examinant des documents, des graphiques et des tablettes – symbole du Conseil Supérieur de la Fonction Publique Territoriale (CSFPT) examinant la réforme de la haute fonction publique territoriale.

Un CSFPT convoqué dans l’urgence, pour un projet de réforme à contretemps

Le Conseil Supérieur de la Fonction Publique Territoriale (CSFPT) s’est réuni en séance plénière le 9 juillet 2025 dans des conditions pour le moins étonnantes. Après plusieurs mois d’annulations de séances faute de textes à examiner, le gouvernement a soudainement jugé « urgent » de convoquer les membres du Conseil pour examiner une série de décrets liés à la transposition de la réforme de la haute fonction publique d’État vers la territoriale.

Écoutez notre podcast si vous n’avez pas le temps de lire l’article dans son intégralité :

Six projets de textes étaient à l’ordre du jour, touchant aux administrateurs territoriaux, aux emplois fonctionnels de direction, aux collaborateurs de cabinet ou encore à l’échelonnement indiciaire et au régime indemnitaire de certains cadres supérieurs.

Or, cette réforme, bien qu’importante dans son principe, ne concerne qu’une infime minorité d’agents : 2 615 postes sur près de 1,9 million d’agents territoriaux. Un chiffre révélateur de la déconnexion entre les priorités gouvernementales et les réalités de terrain.

Une réforme élitiste dans un contexte de paupérisation généralisée

Pendant que les conditions de travail et de rémunération des agents territoriaux se détériorent — gel du point d’indice, suppression de la GIPA, pénalisation des arrêts maladie, hausse du coût de la vie —, le gouvernement choisit d’examiner en priorité des textes prévoyant des revalorisations substantielles pour une poignée de hauts cadres.

La FA-FPT s’indigne face à cette gestion à deux vitesses. Elle dénonce une réforme pensée sans les agents, sans concertation, et dans un copié-collé grossier de la réforme de l’État, sans prise en compte des spécificités territoriales.

Les cadres-dirigeants territoriaux eux-mêmes ont exprimé leur désaccord : reclassement flou, transparence absente, risque d’invisibilisation de la majorité des emplois, et crainte d’un accaparement des postes les plus stratégiques par des fonctionnaires de l’État. L’attractivité du versant territorial, déjà en berne, subira un nouveau revers.

Dialogue social tronqué et opacité assumée

La FA-FPT le dit sans détour : le dialogue social est une mascarade. Aucun des documents essentiels, notamment l’arrêté de classement en quatre niveaux, n’a été transmis. La méthode rappelle tristement celle utilisée lors de la réforme de l’aptitude médicale des sapeurs-pompiers professionnels.

Pire encore, pendant qu’on parle de haute fonction publique, aucune réponse concrète n’est apportée à des problématiques qui touchent des centaines de milliers d’agents :

  • Blocages des carrières en catégorie B à cause de quotas trop contraints.
  • Injustices liées à l’intégration de l’ancien grade de directeur territorial.
  • Absence de mesures pour la carrière des mandatés syndicaux.
  • Silence total sur les besoins criants des policiers municipaux, de l’aide sociale à l’enfance ou des intervenants culturels.

La DGAFP continue de nier l’existante de particularités inhérentes à notre versant territorial. Rencontrées lors des échanges sur la PSC, [ces dénégations] continuent de nous laisser penser que la FPT est un sous-versant de la fonction publique – Sébastien Jansem, vice-président de la FA-FPT, pôle statutaire –

La FA-FPT appelle à une approche solidaire et collective

Ce simulacre de réforme va à rebours des valeurs du service public de proximité. Face à la montée de l’individualisme et aux logiques comptables, la FA-FPT fait le choix du collectif, de la solidarité et de l’équité.

Elle rappelle que les agents territoriaux seront, cet été encore, en première ligne : canicules, feux, festivités, sécurité, enfance, propreté urbaine, tourisme, culture. Ils assurent la continuité du service public, souvent au prix de leur santé.

Verdict de la FA-FPT : un rejet total et revendiqué

La FA-FPT a voté contre l’ensemble des six projets de décret. Elle salue le rejet unanime des organisations syndicales lors de cette séance. Seul un des textes (sur l’échelonnement indiciaire) a reçu un avis défavorable non unanime, mais aucun n’a obtenu un consensus.

La FA-FPT demande une réorientation des priorités du gouvernement : répondre aux urgences sociales, revaloriser équitablement tous les agents, garantir la transparence et instaurer un véritable agenda social territorial.

Facebook
X
WhatsApp
Email
Retour en haut