Pénurie d’assistants familiaux : 75% ont plus de 50 ans!

Pénurie d'assistants familiaux

Le vieillissement des assistants familiaux (assfam) s’ajoute à la crise que traverse actuellement l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) en France, menaçant le système de protection de l’enfance. Selon une étude de la DREES publiée en décembre 2023, 19,7 % des professionnels ont 62 ans ou plus, et plus de 1 500 ont 67 ans ou plus. Plus alarmant encore, plus de 400 assfam sont âgés de plus de 70 ans, alors qu’il est illégal de travailler au-delà de cet âge selon le code du travail.

Ces chiffres révèlent non seulement un vieillissement marqué de la profession, mais aussi une situation juridique et pratique préoccupante, surtout dans un secteur où la stabilité et l’accompagnement à long terme des enfants sont primordiaux.

Vieillissement de la profession : un état des lieux alarmant

Le vieillissement des assistants familiaux est un phénomène bien documenté. L’âge médian des assfam est désormais de 55 ans. L’un des aspects les plus préoccupants est que 1 500 assfam sont âgés de 67 ans ou plus, et plus de 400 continuent à travailler après 70 ans !

Enfants en bas âge : des placements inadaptés chez des professionnels en fin de carrière

Le placement d’enfants en bas âge est particulièrement délicat lorsque ces derniers sont confiés à des professionnels en fin de carrière. Les enfants placés dans des familles d’accueil dès leur plus jeune âge ont souvent besoin de stabilité sur une période longue, parfois jusqu’à leurs 18 ans. Or, confier un enfant en bas age à un assfam de plus de 60 ans pose un problème de continuité, car ces professionnels approchent de l’âge de la retraite.

Pour l’enfant, devoir changer de famille d’accueil après seulement quelques années est une rupture traumatisante, surtout après avoir déjà vécu des séparations. Cette situation est d’autant plus préoccupante que l’ASE fait face à une pénurie croissante de places d’accueil. Trouver une nouvelle famille d’accueil pour un enfant devient de plus en plus difficile, ce qui prolonge parfois les situations d’urgence et fragilise davantage les enfants. Quant aux assistants familiaux eux-mêmes, ces ruptures peuvent être difficiles à gérer émotionnellement, car ils s’investissent profondément dans l’accompagnement des enfants.

Ces situations expliquent en partie pourquoi les assistants familiaux continuent à travailler bien après l’âge légal de départ à la retraite. Ce n’est pas qu’un travail, c’est un engagement profond qui dépasse souvent le cadre d’une simple profession !

L’illégalité du travail après 70 ans : une réalité préoccupante

Travailler au-delà de 70 ans est illégal selon le code du travail, mais plus de 400 assfam continuent néanmoins à exercer. Cela soulève des questions non seulement sur le manque de suivi de la législation, mais aussi sur le soutien apporté à ces professionnels par leur employeur pour continuer à remplir pleinement leur mission malgré leur âge. Cette situation d’illégalité met également les assistants familiaux en situation de précarité et de vulnérabilité.

La loi interdit notamment tout nouvel accueil à partir de l’âge de 67 ans, mais là encore, la loi est-elle respectée?

Les conséquences sur le système

Cette situation crée des risques juridiques et pratiques. En effet, des professionnels de plus de 70 ans peuvent ne plus être en mesure de répondre aux exigences physiques et psychologiques de l’accueil d’enfants en difficulté, ce qui peut affecter la qualité des soins et la stabilité des enfants accueillis. Les enfants accueillis grandissent et l’adolescence est souvent une situation complexe à gérer pour les assistants familiaux de cet âge.

Urgence d’un renouvellement générationnel et d’une meilleure gestion des carrières

Pour éviter que cette situation ne se prolonge, il est crucial de favoriser un renouvellement générationnel. Avec seulement 25 % des assfam ayant moins de 49 ans, et seulement 10% qui ont 43 ans ou moins, le vivier de jeunes professionnels est insuffisant pour remplacer ceux qui approchent ou dépassent l’âge de la retraite.

Des solutions pour attirer de nouvelles recrues

Comme abordé dans nos précédents articles, des solutions comme la simplification du processus d’agrément, des aides financières (prêt à taux zéro, primes d’installation), et une meilleure valorisation de la profession pourraient encourager plus de jeunes à rejoindre cette carrière.

Une demande croissante, mais des ressources en déclin

Le système de protection de l’enfance est confronté à une crise majeure, alimentée par des facteurs multiples tels que la hausse des signalements, le manque de moyens financiers et humains, et les difficultés de recrutement. Le nombre d’enfants placés ne cesse d’augmenter, tandis que le nombre d’assistants familiaux continue de diminuer. En raison de ce déséquilibre, de nombreux juges sont contraints de renoncer à placer des enfants en danger, faute de familles d’accueil disponibles. Cette situation met en lumière l’urgence de revaloriser la profession d’assfam, afin d’attirer de nouveaux professionnels et de répondre aux besoins croissants. Un accueil familial stable et rassurant est essentiel pour offrir à ces enfants un cadre sécurisant, loin des violences et des maltraitances qu’ils ont déjà subies. Sans une intervention rapide et adaptée, les enfants risquent de ne pas bénéficier de l’environnement dont ils ont besoin pour se reconstruire et s’épanouir.

Conclusion

Le vieillissement des assistants familiaux, combiné à la crise globale de l’ASE, met en péril la protection de l’enfance en France. L’étude de la DREES montre que plus de 1 500 assfam ont 67 ans ou plus, et plus de 400 continuent de travailler après 70 ans, malgré l’illégalité de cette situation. Ces chiffres, couplés à la pénurie de professionnels et aux difficultés croissantes rencontrées par l’ASE, soulignent l’urgence d’agir. Revaloriser et réformer le métier d’assistant familial est une priorité absolue pour garantir un accueil stable et protecteur à chaque enfant en danger. Pour participer à ces réformes et soutenir les assistants familiaux, contactez la FA-FPT, qui s’engage à défendre les droits des professionnels et à améliorer le système de protection de l’enfance.

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