Fonction Publique: le ministre relance la rémunération au mérite et le licenciement facilité

Le ministre de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian, a récemment annoncé son intention de relancer des réformes sensibles déjà initiées par son prédécesseur. Parmi les propositions qui suscitent le plus d’inquiétudes : la rémunération au mérite et la facilitation des licenciements pour insuffisance professionnelle. Ces réformes sont vivement critiquées par la Fédération Autonome de la Fonction Publique Territoriale (FAFPT), qui estime qu’elles pourraient dégrader la qualité du service public.

La rémunération au mérite : une réforme injuste et contre-productive

Le projet de rémunération au mérite, promu par le gouvernement, est au cœur des critiques des syndicats. Pour la FAFPT, cette mesure repose sur des critères trop souvent subjectifs et arbitraires, menaçant l’équité au sein de la fonction publique. Comment déterminer le mérite d’un référent socio-éducatif, par exemple ? Faut-il juger son efficacité au nombre d’enfants qu’il suit ? Ou au nombre d’enfants retournés chez leurs parents ? Ces indicateurs ne reflètent pas la complexité et la rigueur nécessaires pour accompagner les enfants placés à l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE).

De plus, une approche quantitative du mérite, axée sur des résultats chiffrés, pourrait conduire à une diminution de la qualité du suivi des usagers. Pour la FAFPT, le véritable danger est que ces critères, mal définis, détériorent la mission première du service public : garantir un accompagnement humain, adapté et continu aux citoyens.

Licenciement pour insuffisance : une réforme superflue

Autre proposition controversée : la facilitation des licenciements pour insuffisance professionnelle. Le ministre souhaite remettre cette mesure à l’ordre du jour, mais pour la FAFPT, elle est tout simplement inutile. Le cadre légal actuel permet déjà de sanctionner les insuffisances professionnelles graves, jusqu’au licenciement si nécessaire. La procédure est certes encadrée, mais elle garantit le respect des droits des agents, tout en assurant une évaluation juste et approfondie des situations.

Cette réforme pourrait surtout créer un climat de précarité et de tension au sein des services publics, où les agents risqueraient de travailler sous la menace constante de perdre leur emploi. Plutôt que de renforcer la performance, cette approche risque de démotiver les fonctionnaires, compromettant ainsi leur engagement au service des citoyens.

Une approche budgétaire qui prime sur le social

Le gouvernement justifie ces réformes en invoquant des contraintes budgétaires. Toutefois, pour la FAFPT, la priorité donnée à la maîtrise des dépenses publiques se fait au détriment de la qualité des services rendus aux usagers. En se focalisant sur la performance individuelle des agents, cette approche fait l’impasse sur les besoins réels des services publics, notamment en termes de moyens et d’effectifs.

Une opposition forte à ces réformes

Les syndicats, dont la FAFPT, ne cessent de rappeler que la fonction publique est avant tout un pilier de la cohésion sociale. Ces réformes, qui reposent sur des logiques de management issues du secteur privé, risquent de dénaturer le rôle fondamental des agents publics : répondre aux besoins des citoyens, en toute impartialité et avec un engagement collectif.

Pour la FAFPT, la rémunération au mérite et la facilitation des licenciements sont des fausses solutions à des problèmes mal identifiés. Les vraies priorités devraient être ailleurs : améliorer les conditions de travail des agents, renforcer les effectifs et garantir un service public de qualité, accessible à tous.

Conclusion

Alors que le gouvernement relance des réformes controversées, la FAFPT, appellent à une réelle concertation. Plutôt que de mettre en place des mesures qui risquent de fragiliser les agents publics et de détériorer la qualité des services rendus aux citoyens, ils préconisent un renforcement du dialogue social et une refonte des priorités budgétaires, pour un service public réellement au service de tous.

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